Les origines du rap

Le contexte économique et social très fragilisé aux USA dans les années 70 joue un rôle très important au niveau de l’arrivée du hip-hop. En effet, après la seconde guerre mondiale, les quartiers défavorisés de NYC comme le Bronx, Brooklyn, Queens ou encore Harlem deviennent les terres d’asiles des populations immigrées ou ethniquement différentes des blancs : protestants, juifs, africains-américains, populations hispaniques, italiennes et irlandaises viennent s’y installer pour plusieurs raisons. Ces quartiers ne sont plus industrialisés : l’activité industrielle et économique se déplace vers les quartiers Nord comme Manhattan. Les quartiers défavorisés sont donc laissés à l’abandon par l’industrie immobilière et par les populations les plus aisées, de nombreux immeubles sont rasés plutôt que restaurés. Y restent alors les populations défavorisées, qui tentent tant bien que mal de subvenir à leurs besoins malgré la pauvreté.

Harlem,1962

 

Les populations immigrés occupent toujours ces quartiers, même 20 ans après. Un gouffre économique et social s’est creusé entre les populations majoritairement blanches des quartiers aisés et entre les minorités (surtout les afro-américains) qui vivent dans des ghettos.

Dans les quartiers défavorisés, la misère engendre la violence et la criminalité. En effet, on vend de la drogue pour subvenir à ses besoins, ou on en prend pour essayer d’échapper au quotidien. Il n’est pas ou peu possible d’accéder à un travail avec un salaire décent en raison du racisme entre autres. Chaque ghettos possède plusieurs gangs armés qui s’affrontent régulièrement lors de règlements de compte. Les quartiers sont en ruines, détruits par les incendies criminels, les compagnies immobilière et les gangs. Les jeunes, qui restent entre eux, ne maîtrisent pas les normes attendues pour bien s’intégrer en société : ils vont donc rester en bas de l’échelle sociale, sans possibilité de sortir de ce cercle de misère.


Groupe d’enfants, Bronx


Il y a également des problèmes raciaux importants à cette période. Dans tout le pays, des affrontements et des manifestations ont lieu entre les noirs-américains et les communautés américaines racistes. Par exemple, à Los Angeles en 1965, des émeutes éclatent après l’arrestation d’un jeune noir lors d’un contrôle routier injustifié. Le ghetto de Watts à Los Angeles est à feu et à sang en raison des affrontements entre les noirs-américains mécontents et la police : il y aura une trentaine de morts et plus de mille blessés.

 

Groupe d’Afro-américains fuyant les représailles de la police dans le ghetto de Watts à Los Angeles,en 1965


Un an plus tard (le 15 octobre 1966), l’organisation Black Panther Party (BPP) voit le jour avec pour leaders Bobby Seale et Huey P. Newton. C’est un mouvement identitaire qui lutte pour les droits des noirs aux USA. Le BPP publie dans la 2e édition de son propre journal Black Panther Newspaper le Ten-points program. C’est une liste de 10 points prônant le désir de liberté, d’égalité juridique et sociale, de non-violence, de solidarité de la population noire américaine. Suite à cela, l’organisation orchestre des discours et des conférences mais les tensions entre la police et la population ne disparaissent pas. Newton est désireux de passer aux actes. Ils organisent par exemple des patrouilles armées pour surveiller les agissements de la police en raison de nombreuses bavures passées.

Le FBI finit par démanteler l’organisation en 1968.

Emblème des Black Panthers 


Ten-points program de Newton et Seale

     

     

       Martin Luther King, pasteur noir-américain étroitement lié et très engagé dans la lutte contre la pauvreté et le racisme, est assassiné en 1968.

Face à cette atmosphère de répression, le climat de haine dans les ghettos américains est donc renforcé. Les ghettos sont plus dangereux que jamais, les ambulances et la police n’osent plus s’y aventurer de peur de causer encore plus d’émeutes. Les jeunes sont bloqués dans ces quartiers, sans perspectives d’avenir. Malgré tout, ils sortent dans les rues pour s’amuser, pour chanter et danser.

Martin Luther King lors d’un discours 


Les premières Block Parties ont lieu dans les années 70 dans les quartiers du Bronx : on ferme les deux côtés d’une rue, on détourne le courant des lampadaires pour brancher des sonos et des éclairages. Ces soirées accueillent les différents représentants de la culture hip-hop et notamment les rappeurs qui performent au son des DJ’s.

Ils décrivent les conditions de vie dans leurs quartiers, les abus de la police, leur désir de liberté… Ils sont en grande partie influencés par les organisations comme le BPP. Les rythmes puisent leur inspiration dans plusieurs choses : les genres comme le funk, le jazz, le gospel parfois, le reggae mais également des percussions africaines jouées lors des mariages par exemple. Les rappeurs, qui performent en totale improvisation, commencent à travailler leurs textes à l’avance : ils placent des refrains, différents couplets… Le DJ Kool Herc est considéré comme un pionniers du rap, il organise la première soirée hip-hop recensée en 1974 dans le Bronx avec sa sœur. Il puise son inspiration dans le style funky, et notamment chez James Brown. Rapper’s Delight de Sugarhill Gang paru en 1979 est considéré comme le tout premier morceau de rap. Le rap n’est désormais plus un support pour le DJ, c’est devenu un art à part entière et intemporel qui va se populariser dans le pays puis dans le monde entier.


Block Party dans le sud du Bronx, 1972


Kool Herc

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